Patata
Membre validé
Je préfère en faire une petite nouvelle pour le moment, je vais passer du roman au cinéma après, en traduisant les figures de style en mise en scène je préfère bosser comme ça je pense. C'est qu'un premier jet, mais je partage là pour me rassurer :
J’ai tué mon meilleur ami. J’ai tué mon meilleur ami, la veille, je ne sais plus pourquoi. Je l’ai enterré dans mon jardin, en dessous du pommier. J’ai tué mon meilleur ami, la veille, je connais la raison mais ça me paraît stupide, si la police m’arrête j’aimerais mieux dire que je ne sais plus pourquoi. En fait j’ai tué mon meilleur ami parce qu’il était plus grand que moi, ou plutôt ça fait un moment, je me dis maintenant que ça n’a pas trop de sens. J’essaie de deviner : peut-être que je voulais qu’il soit définitivement plus petit, mais même plus petit que moi ça ne suffisait pas, il fallait qu’il soit sous terre, comme ça il a les dimensions au négatif. Je suis plus grand que lui maintenant, et même il n'est plus grand du tout, il n'existe pas de grandeur sous terre. Est-ce que j’ai réellement pensé ça ? quand je l’ai assassiné ? Non c’était trop prémédité, j’aurais réfléchi, ou peut-être que je ne réfléchis pas, après tout après l’avoir enterré je suis monté à l’étage, je suis allé lire un livre, une nouvelle orientale, puis je me suis allongé comme lui est allongé pour toujours – je me sentais proche de lui dans mon lit – je me suis allongé et j’ai dormi. On est le matin là, je fume une cigarette, je bois mon café. J’ai mieux fait le café que d’habitude, peut-être est-ce un message du destin, peut-être le goût de ce café annonce-t-il ma félicité, à moi, qui ai tué mon meilleur ami la veille. C’est drôle comme je me sens léger, peut-être les particules de ce café miraculeux m’enivrent. Je suis en apesanteur, je bouge comme un danseur, je me retourne et prend ma veste, je vais sortir un peu.
Je suis sorti, pas grand monde dans la rue, je marche comme au ralenti ; je repense à ce que j’ai fait hier soir, un, deux, trois coups de pelle. On devait juste jardiner tous les deux, ou bien c’est ce que je lui ai dit ? Je ne sais plus si je voulais vraiment le tuer, à ce moment là je me suis juste dit… en fait je me suis dit qu’avec la pelle que je tenais et puis il me tournait le dos : je pouvais en finir et puis c’était plié ? J’aimerais bien mettre à plat mes idées, les écrire ou les reprendre, je ne suis pas certain de bien me comprendre, je fais c’est tout. C’est ça : je suis de la race de ceux qui font avant de penser. On m’a toujours dit que c’était une bonne chose, ceux qui pensent ils devraient juste en finir, c’est trop de pesanteur pour un petit cerveau humain ; de toute manière tous ceux qui pensent sont suicidaires. A ce moment là je songeais que je m’étais mis subitement à penser depuis ce matin, que peut-être avant je ne pensais pas, que donc j’allais mourir de penser. Je me refusais donc à penser et j’allais plutôt au bout de la rue : il fallait marcher.
Je croisais dans la rue une jolie fille au bout de la rue, je la regardais, de haut en bas, de bas surtout : puisque je suis petit. Je songeais à mon ami qui était grand, il aurait pu tenter sa chance lui, je l’enviais pour ça, je l’ai tué pour ça. Pendant un moment lui et moi faisions la même taille, pendant nos années au collège il était même plus petit que moi, c’est dire, puis il a poussé comme une plante. Je me mis à rire, je songeais à mon ami enterré dans le jardin : peut-être son corps ferait-il un parfait engrais pour mon pommier, ce devait être dans la composition de ses os, et maintenant ses os sont à moi, dans mon jardin.~~
J’ai tué mon meilleur ami. J’ai tué mon meilleur ami, la veille, je ne sais plus pourquoi. Je l’ai enterré dans mon jardin, en dessous du pommier. J’ai tué mon meilleur ami, la veille, je connais la raison mais ça me paraît stupide, si la police m’arrête j’aimerais mieux dire que je ne sais plus pourquoi. En fait j’ai tué mon meilleur ami parce qu’il était plus grand que moi, ou plutôt ça fait un moment, je me dis maintenant que ça n’a pas trop de sens. J’essaie de deviner : peut-être que je voulais qu’il soit définitivement plus petit, mais même plus petit que moi ça ne suffisait pas, il fallait qu’il soit sous terre, comme ça il a les dimensions au négatif. Je suis plus grand que lui maintenant, et même il n'est plus grand du tout, il n'existe pas de grandeur sous terre. Est-ce que j’ai réellement pensé ça ? quand je l’ai assassiné ? Non c’était trop prémédité, j’aurais réfléchi, ou peut-être que je ne réfléchis pas, après tout après l’avoir enterré je suis monté à l’étage, je suis allé lire un livre, une nouvelle orientale, puis je me suis allongé comme lui est allongé pour toujours – je me sentais proche de lui dans mon lit – je me suis allongé et j’ai dormi. On est le matin là, je fume une cigarette, je bois mon café. J’ai mieux fait le café que d’habitude, peut-être est-ce un message du destin, peut-être le goût de ce café annonce-t-il ma félicité, à moi, qui ai tué mon meilleur ami la veille. C’est drôle comme je me sens léger, peut-être les particules de ce café miraculeux m’enivrent. Je suis en apesanteur, je bouge comme un danseur, je me retourne et prend ma veste, je vais sortir un peu.
Je suis sorti, pas grand monde dans la rue, je marche comme au ralenti ; je repense à ce que j’ai fait hier soir, un, deux, trois coups de pelle. On devait juste jardiner tous les deux, ou bien c’est ce que je lui ai dit ? Je ne sais plus si je voulais vraiment le tuer, à ce moment là je me suis juste dit… en fait je me suis dit qu’avec la pelle que je tenais et puis il me tournait le dos : je pouvais en finir et puis c’était plié ? J’aimerais bien mettre à plat mes idées, les écrire ou les reprendre, je ne suis pas certain de bien me comprendre, je fais c’est tout. C’est ça : je suis de la race de ceux qui font avant de penser. On m’a toujours dit que c’était une bonne chose, ceux qui pensent ils devraient juste en finir, c’est trop de pesanteur pour un petit cerveau humain ; de toute manière tous ceux qui pensent sont suicidaires. A ce moment là je songeais que je m’étais mis subitement à penser depuis ce matin, que peut-être avant je ne pensais pas, que donc j’allais mourir de penser. Je me refusais donc à penser et j’allais plutôt au bout de la rue : il fallait marcher.
Je croisais dans la rue une jolie fille au bout de la rue, je la regardais, de haut en bas, de bas surtout : puisque je suis petit. Je songeais à mon ami qui était grand, il aurait pu tenter sa chance lui, je l’enviais pour ça, je l’ai tué pour ça. Pendant un moment lui et moi faisions la même taille, pendant nos années au collège il était même plus petit que moi, c’est dire, puis il a poussé comme une plante. Je me mis à rire, je songeais à mon ami enterré dans le jardin : peut-être son corps ferait-il un parfait engrais pour mon pommier, ce devait être dans la composition de ses os, et maintenant ses os sont à moi, dans mon jardin.~~